SAMPO

Instruments augmentés 7/8 : Séparer le geste de l’instrument

Accessoires pour moduler le son d'un instrument avec des gestes

Revenons maintenant vers le geste et plus particulièrement vers le geste de la main que fait l’interprète d’un violon avec son archet. Contrairement au capteurs fixés sur l’instrument, si nous voulons capter le geste de la main, il nous faut placer le capteur non plus sur l’instrument, mais sur la main même de l’interprète.

C’est en effet l’idée qu’a retenu la violoniste japonaise Mari Kimura.
Après son passage à l’IRCAM en 2010, elle intègre la technologie des MO qui désigne les Modular Musical Objects.

Au début, les objets, qui reconnaissent la position ou l’accélération, sont placés sur l’archet, mais Mari Kimura a l’idée de les intégrer dans un gant. Ce gant est ensuite utilisé avec la main qui tient l’archet pour déclencher les événements ou moduler les paramètres sonores.

Mais le musicien qui a les mains libres pour gérer les gestes sans altérer son jeu, c’est le chanteur. C’est ce que propose, entre bien d’autres solutions, l’artiste anglaise Imogen Heap au sein de sa compagnie MiMu Gloves. Depuis les années 2010, MiMu Gloves fabrique des gants équipés des capteurs et les mouvements de la main sont suivis par l’ordinateur. Les gestes des mains du chanteur peuvent ainsi servir à moduler le son de sa propre voix.

En poursuivant, du détachement des capteurs de l’instrument d’abord vers le corps de l’interprète, nous arrivons à la séparation totale des capteurs.

Par la suite, la miniaturisation de ces capteurs indépendants permet de les poser sur à peu près tout instrument.
C’est ce qui se passe justement avec le projet de Mari Kimura, qui propose depuis 2015 un petit objet qui s’appelle MUGIC. MUGIC contient un certain nombre de capteurs de mouvement. Celui-ci devient donc un objet indépendant que l’on peut utiliser librement dans ses créations avec divers instruments et entre autres avec la voix.

Mais pour les musiciens dont les mains ne peuvent pas se séparer de leurs instruments facilement, il faut prévoir le même principe mais avec des boutons sur lesquels le musicien peut appuyer pour déclencher les changements de sonorités de son instrument.

En 2017, Puce-Muse et Serge de Laubier proposent le Méta-Instrument 4, qui inclut le Méta-Touch.

Le Méta-Touch est un petit boîtier avec 8 touches. Il est possible de le placer par exemple sur une trompette et ajouter ainsi de nouvelles commandes au musicien.

Enfin, il ne faut pas oublier ici les pédaliers, dont nous avons parlé précédemment, qui représentent une illustration parfaite de la séparation de la commande de l’instrument – avec ses avantages et inconvénients.

Comme pour le jeu de l’instrument acoustique, le musicien doit pouvoir comprendre la relation entre le geste et le son produit. Pour cela il est important que ce soit l’interprète lui-même qui joue les transformations sonores. C’est en effet le point de départ du Sampo : il faut que l’interprète puisse contrôler l’ensemble de la performance et avoir un retour auditif immédiat pouvoir apporter sa propre interprétation de l’oeuvre.

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